l’université de la mer

L’« L’Autre Mer », titre du film inachevé de Theo Angelopoulos, tourné dans la brume du Pirée, avait valeur testamentaire et la mer n’était pour lui qu’un espace d’écriture pour raconter un climat de crise et de difficultés sociales. Ce festival des « Sciences et des arts » porte pour sa 3ème édition le thème de la « Méditerranée. La mer comme avenir ». Une approche qui justement vise à lutter contre les courants dangereux et les vents hostiles qui font osciller sans cesse cet espace de terres et de mer.

Et si nous achevions ensemble ce film d’Angelopoulos, l’« L’Autre Mer », pendant ces deux jours partagés ? Pour inventer de nouveaux récits et de nouveaux imaginaires communs, prendre conscience ensemble des liens qui nous rattachent à une Méditerranée, du plus loin que s’en souviennent les civilisations installées sur ses rives jusqu’à l’intimité de nos quotidiens.

Comme un voyage à initier.

En attendant écoutons !
Méditerranée : la mermère ? : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-quadrithemes-de-charles-dantzig/les-quadrithemes-de-charles-dantzig-du-lundi-05-septembre-2022-1724177

Tout un monde en mouvement – encore et toujours pour cette troisième édition du « festival des sciences et des arts » – qui permet de croiser des regards, de discuter des approches, d’échanger sur les méthodologies, entre sciences et art, enseignement et création. Au fil du parcours l’émerveillement est renouvelé avec les thématiques variées qui génèrent de nouvelles discussions et des questionnements originaux. Le regard tourné vers la mer comme avenir permet de confronter les disciplines scientifiques et leurs recherches, de la plus petite algue jusqu’à la dynamique de la mer Méditerranée, de ses eaux, de ses villes et de ses ports. La mer avec ses multiples exploitations, sa flore, sa faune, ses ressources, son rôle pour le climat et pour le transport, mérite très largement d’être au centre de toutes nos attentions, lors de ce festival et pour bien longtemps !

Le Mucem est heureux de poursuivre sa collaboration avec le Festival du Jeu de l’Oie, qui dédie sa troisième édition à la « Mer comme avenir ». La Méditerranée est un patrimoine culturel et naturel d’une infinie richesse, mais on sait combien il est fragile et vulnérable. Le thème choisi résonne tout particulièrement avec celui des 39e Journées Européennes du Patrimoine qui se dérouleront les 17 et 18 septembre dans le sillage du Festival, et qui mettent cette année l’accent sur le patrimoine durable. Le public pourra ainsi suivre les échanges foisonnants, les ateliers, les projections proposés, tout en visitant gratuitement des expositions qui leur font écho. A voir ou à revoir, par exemple, l’exposition « Connectivités », qui inscrit dans l’histoire longue tout autant que dans le monde contemporain les circulations et les échanges de cette Méditerranée en mouvement, en devenir, en transformation. Et j’invite à ne pas manquer les derniers jours de l’ « Atlas en mouvement » de Mathieu Pernot : un atlas qui construit, en croisant les récits et les savoirs des personnes migrantes venues du pourtour méditerranéen en Europe, une autre histoire des connaissances. En songeant à cette exposition, j’ai d’ailleurs une pensée particulière pour une des séries photographiques présentées. Celle de l’horizon marin étal, identique, uniforme d’où qu’on le regarde en mer, qui dit l’expérience terrifiante de la traversée, mais aussi l’espoir, les attentes que cet horizon représente : une image particulièrement forte, complexe, de la Mer comme avenir.